Certains appareils auditifs sont désormais 100 % remboursés

Depuis le 1er janvier, une gamme d’aides auditives est accessible sans reste à charge, comme c’était déjà le cas pour les lunettes et certaines prothèses dentaires. La qualité est globalement au rendez-vous.

Près de 6 millions de Français souffrent de difficultés d’audition, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Parmi eux, environ la moitié est susceptible d’être appareillée, mais seulement 35 % le sont. Il est vrai que cet équipement coûte cher… Il faut compter, en moyenne, 1 500 euros par oreille, dont 850 euros de reste à charge – le montant qui reste déboursé par le patient après remboursement par l’Assurance-maladie et la complémentaire santé.

Mais la donne va changer. Depuis le 1er janvier, les assurés ont en effet accès à des audioprothèses sans reste à charge. C’est l’une des mesures de la réforme du « 100 % santé », progressivement entrée en vigueur entre le 1er janvier 2019 et le 1er janvier 2021.

L’un des principaux objectifs de cette réforme était que chacun puisse s’équiper de lunettes, de prothèses dentaires et, aujourd’hui, d’appareils auditifs sans rien débourser. Pour en bénéficier, il faut avoir souscrit une assurance-santé qualifiée de « responsable », mais « c’est le cas de la grande majorité des contrats vendus sur le marché », précise David Trohel, directeur des partenariats du courtier Santiane.

Globalement de bonne qualité

En pratique, les audioprothésistes doivent désormais proposer, dans leur devis, au moins une offre d’audioprothèses sans reste à charge (appelée « classe 1 »). Il peut s’agir de contours d’oreilles intra-auriculaires ou à écouteur déporté comprenant douze canaux de réglage, une amplification sonore d’au moins trente décibels et au moins trois options de confort (système anti-acouphène, connexion sans fil, réduction du bruit du vent, etc.). Les fabricants n’ont pas le droit de les vendre plus de 950 euros par oreille.

L’Assurance-maladie remboursera 240 euros par appareil et les organismes complémentaires assumeront la différence – 710 euros au maximum, donc. La prise en charge est limitée à deux oreilles appareillées tous les quatre ans. Les assurés ont au minimum trente jours pour essayer l’équipement avant de l’acheter et ils bénéficient de quatre ans de garantie. Ainsi que d’un suivi régulier, pour adapter le matériel.

Il demeure bien sûr toujours possible d’opter pour des appareils plus sophistiqués (dits de « classe 2 »), proposant des options de plus, par exemple des batteries rechargeables. Ils sont facturés, eux, à des tarifs libres. La prise en charge de ces équipements (Assurance-maladie et complémentaire santé) ne peut cependant plus dépasser 1 700 euros par oreille.

Que dire de la qualité des appareils sans reste à charge ? Elle est globalement bonne. « En retenant comme critères l’intelligibilité et la qualité de la parole, les audioprothèses de classe 1 se sont révélées d’une efficacité équivalente à celle des modèles plus chers », a estimé l’association de consommateurs UFC-Que choisir après en avoir testé une petite dizaine début 2020.

Laisser le choix des équipements

Toutefois, ces appareils s’avéreront insuffisants dans certains cas. « Les aides auditives de classe 2 fournissent des options techniques supplémentaires pouvant faciliter la vie au travail ou améliorer la réhabilitation lors de certaines pathologies », précise Luis Godinho, président du Syndicat des audioprothésistes (SDA).

Le hic, c’est que certains assureurs et certaines mutuelles ont décidé de réduire fortement le niveau de remboursement de ces appareils de dernière génération. « Cela restreint le choix de son équipement par le patient, et prive de fait, les plus modestes notamment, de l’accès à ces appareils », craint Luis Godinho. Il demande par conséquent aux organismes complémentaires de garantir un remboursement minimal équivalent, quel que soit le dispositif choisi par l’assuré, qu’il relève de la première classe ou de la seconde.

Le syndicat milite aussi pour que les audioprothésistes se dotent d’un code de bonnes pratiques. Et plaide pour que cessent les publicités trompeuses poussant, par exemple, à posséder une deuxième paire d’aides auditives…